en plaisirs, ni en joyeuses orgies. Il sert à payer la poudre, les balles de ceux qui mourront un à un pour la liberté.
Et, avec une autorité étrange :
— Mon nom est Moralès, Moralès l’Insaisissable ! Une lutte est engagée entre le commandant américain de Mariveles et moi, dont je dois sortir vainqueur ; or, les balles se font rares chez nous…
— Mais, hasarda Eléna, en quoi puis-je peser sur l’issue de cette lutte ? Si vous me disiez : « Vos bijoux, votre argent, je les prends afin d’armer ma troupe. » Je le concevrais, mais vos démêlés avec les Américains…
— Vous intéressent au premier chef, señora.
— Encore une fois, je ne saisis pas.
— Veuillez me laisser parler, et vous saisirez.
Du geste, l’Anglaise indiqua qu’elle accordait son attention à l’insurgé.
— Le commandant de Mariveles donne l’hospitalité à la fille d’un riche planteur de Sumatra, vous comprenez ?
— Je ne perds pas une de vos paroles.
— Grâces vous soient rendues, señora ! Cette jeune fille, si elle était ma prisonnière, fournirait une rançon royale. Son or, transmué en plomb, nous permettrait durant de longs mois de frapper nos ennemis.
— Bien.
Eléna avait retrouvé tout son sang-froid. Moralès approuva d’un signe de tête.
— Or, continua-t-il, le commandant américain lui refuse l’autorisation de venir se remettre entre mes mains.
— Cela me parait assez naturel.
— Mais mon désir de la tenir captive ?
— Me semble également justifié.
Le chef rebelle s’inclina :
— Vous êtes fort intelligente, señora. Vous devinez bien que j’userai de tous les moyens pour parvenir à mes fins.
— En douter serait naïf.
— N’est-ce pas ? Eh bien, donc, voici ce que j’ai imaginé pour forcer la résistance de mon ennemi.
Il toussa légèrement et se campant de façon avantageuse :