Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/363

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Daalia se sentit émue. Elle aussi, comme la squaw indienne, dont le chant relatait l’histoire, elle aussi cherchait la trace d’un guerrier, le plus vaillant, le meilleur à ses yeux.

— C’est Sammy Nightingale, fit un soldat de garde qui surprit le regard de Daalia ; il chante comme l’oiseau musicien lui-même[1].

Elle approuva d’un signe de tête et passa. Sans se presser, elle franchit le pont-levis, contourna les ouvrages extérieurs de défense. Déjà, elle se croyait libre quand des pas pressés sonnèrent derrière elle.

Un officier la rejoignit.

— Ne vous éloignez pas des retranchements, dit-il en arrivant près d’elle ; Le capitaine Stiggs pense que des mauvais garçons rôdent aux environs, et il a donné l’ordre d’empêcher tout soldat isolé de sortir.

Elle parvint à dissimuler son trouble.

— Merci de l’avis, gentleman. Je me bornerai à faire le tour extérieur de l’ouvrage. Dans un quart d’heure, je serai rentrée.

— Comme il vous plaira, miss, je vous ai prévenue. 

Sur ce, l’officier salua militairement et reprit le chemin du fort.

Alors, Daalia parut s’abîmer dans la contemplation de buissons fleuris. Elle se pencha, cueillit quelques branches, se donnant l’allure d’une pensionnaire qui récolte un bouquet. Allant de droite à gauche, comme si les corolles parfumées dirigeaient seules sa marche capricieuse, elle parvint à une excavation d’où les soldats avaient extrait de la glaise.

Dans ce trou, elle serait hors des vues du fort. Elle y descendit.

Une fois en bas, masquée par l’épaulement de terrain, elle rejeta son allure insouciante. Courbée en deux, elle se prit à bondir en ligne droite, s’éloignant des retranchements de toute la vitesse de ses jambes.

En cinq minutes, elle eut traversé l’espace dénudé en avant du fort afin d’éviter les surprises. Maintenant, les pentes couvertes de buissons, d’arbres, de ronces allaient la cacher à tous les yeux.

  1. Nightingale, en anglais, signifie : rossignol. D’où la plaisanterie du soldat.