Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/390

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Que les espérances des cousins fussent d’affection ou d’intérêt, elles étaient brisées par le nouvel état de choses que dépeignait la nourrice.

Celle-ci poursuivait :

— Et le malheur ne marche jamais seul. Oraï songea aussitôt à s’assurer l’appui de Moralès ; il se lança sur ses traces et le rejoignit bien avant le point où les Américains étaient embusqués. Du récit du prêtre de M’Prahu, il ne fut pas difficile au chef insurgé de tirer la vérité tout entière.

— C’est vrai, c’est vrai.

— Et, à cette heure, ils sont sur tes traces, ma jolie perle dorée. J’ai pu me procurer un cheval, et, cramponnée à la crinière, je l’ai fait galoper, galoper, afin d’arriver la première ; mais avant une heure ils seront ici.

Le bruit de plusieurs avirons battant régulièrement l’onde appela l’attention de tous vers la mer.

La silhouette d’une chaloupe se dessinait en noir, sur les eaux argentées par les rayons de la lune.

— Voici le salut, murmura Albin.

— Nous allons nous réfugier à bord du navire auquel appartient cette embarcation, ajouta, Daalia frissonnante.

Rana eut un geste véhément.

— Le capitaine est l’ami de Moralès.

— Oui, à ce qu’à dit Antonio.

— Alors, son vaisseau n’est pas un asile, mais une prison d’où vous ne pourrez sortir.

Cette fois, Gravelotte protesta :

— Vous jugez en Malaise, Rana. Un officier européen ne s’associera pas aux vengeances de l’insurgé ou du prêtre de M’Prahu.

Et, comme la vieille opiniâtre en son idée, allait répondre, la chaloupe aborda. Un homme sauta sur la grève et accourut près des compagnons de Daalia. C’était Antonio.

— Embarquez, dit-il. Le commandant du Varyag, consent à vous prendre tous à bord. Vous êtes, lui ai-je dit, des amis de Moralès ; ne le détrompez pas ; car les règlements de la marine dans son pays défendent de recevoir des señoras sur un navire de guerre, et, s’il n’était tenu par sa parole, engagée au chef, il vous abandonnerait tranquillement à votre sort.