Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/391

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— Alors, gémit Daalia, nous sommes perdus.

Antonio la considéra avec surprise.

— Perdus, pourquoi ?

Ce fut Albin qui, en phrases brèves, expliqua au Philippin les terribles nouvelles apportées par Rana.

Un instant, le métis demeura comme écrasé, puis brusquement :

— Embarquez sans perdre un instant.

— Mais vous n’avez donc pas compris…

— J’ai compris qu’au jour le Varyag prend la mer, qu’il vous emporte loin d’ici, à la condition que, durant les heures de nuit restant à parcourir, Moralès ne puisse envoyer aucun émissaire au capitaine.

— Il en enverra.

— Non. Dans la baie, pas de barques.

— Mais un nageur… Vous-même avez atteint le croiseur à la nage.

— N’ajoutez rien. J’ai juré de vous sauver, je vous sauverai. Aucun messager de Moralès n’arrivera au Varyag, je vous en fais serment sur la croix.

Puis, prenant les mains de Daalia.

— Venez, señorita, venez. S’ils vous surprenaient ici, je pourrais seulement mourir pour vous ; tandis que là-bas, vous serez sauvée.

Sa voix dénotait tant d’assurance que les jeunes gens ne résistèrent plus.

Avec leurs compagnons, ils prirent place dans le canot qui évolua lentement et se dirigea vers le navire.

Une demi-heure après, reçus à la coupée avec la plus exquise politesse, les voyageurs s’installaient dans les cabines, qu’on leur avait disposées à l’arrière.

Dans le brouhaha de l’arrivée, personne n’avait pris garde à Antonio.

Le partisan s’était pourtant livré à une manœuvre étrange.

Profitant de l’inattention générale, il s’était glissé sur l’échelle de la coupée, l’avait descendue et ne s’était arrêté que sur le dernier échelon.

Là, il s’était assis, les jambes pendantes, et avait semblé s’endormir.

Son mouvement avait été favorisé par là position même du navire. Le côté de l’échelle, opposé à celui qu’éclairait la lune, était plongé dans l’obscurité.