Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/41

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Une heure… Allez donc vous trouver mal avec un aussi bref délai. On n’a pas le temps de perdre connaissance selon les règles et de revenir à soi, en murmurant avec un regard pâmé :

— Où suis-je ?

L’Allemand renonça donc à l’évanouissement.

Pour lui, il devenait évident qu’il lui faudrait payer ; seulement avec l’esprit mercantile de sa race, il essaya de payer le moins cher possible. Il marchanda :

— Dix mille francs, c’est une grosse somme. Je ne l’ai pas sur moi.

Le visiteur haussa les épaules :

— Pardon, vous l’avez.

— Plaît-il ?

— Attendu que demain, vous devez retenir trois places de première sur un bateau à destination de Singapoor et de Batavia.

Un sursaut de Fleck prouva que l’inconnu avait touché juste.

— Ceci, continua ce dernier, nous a été révélé par déduction. Vous avez hâte de joindre l’oncle François, de lui jouer une comédie que je qualifierais d’habile si je ne m’étais fait une loi absolue de ne jamais apprécier les actions des autres. Partant, vous avez choisi le paquebot le plus proche. Vous avez tout juste vingt-quatre heures pour le prendre à Marseille.

C’est donc demain, par le rapide, que vous quitterez Paris, et vous avez sur vous les dix mille francs que la charité vous réclame.

Ce diable d’homme parlait avec une assurance telle que sa victime ne chercha pas à nier.

Suant d’angoisse, tremblant en suivant sur le cadran la marche des aiguilles de la pendule, il murmura :

— Si je les donne, il me faudra aller en banque, perdre du temps, retarder mon départ de plusieurs jours.

— Ou bien renoncer à jamais aux baisers de votre fille, et par suite, à la combinaison matrimoniale dans laquelle vous l’avez fait entrer, ainsi que le sieur Niclauss Gavrelotten.