Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/42

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L’opulent locataire du grand Hôtel s’épongea le front.

Décidément le visiteur lui apparaissait tel un diable. Il savait donc tout, ce personnage que lui, Fleck, ne se souvenait pas avoir jamais rencontré.

D’un geste inconscient l’Allemand fouilla dans sa poche et en sortit son portefeuille, dont l’aspect rebondit semblait donner raison à l’argumentation de « l’ambassadeur de la Charité ».

Celui-ci sourit et d’une voix insinuante :

— Pressons un peu. Il ne me reste que trois quarts d’heure pour sauver l’aimable Lisbeth du poignard levé sur elle.

Le portefeuille s’ouvrit tout seul.

— Dix mille, répéta le visiteur.

Dix billets de mille francs en une liasse lui furent tendus.

Il les prit, les compta méticuleusement, puis avec une bonne grâce parfaite :

Mlle Lisbeth vous remettra le reçu. Monsieur, à l’honneur et au plaisir de vous revoir.

Et, tandis que Fleck, complètement démoralisé, s’affalait dans un fauteuil, l’inconnu disparut prestement.

Vingt minutes plus tard, il pénétrait dans l’antichambre, où son compagnon, le revolver à la main, veillait avec une sollicitude paternelle sur Mlle Lisbeth.

Les deux hommes échangèrent quelques mots à voix basse.

Le geôlier s’approcha ensuite de la prisonnière.

— Mademoiselle, lui dit-il, votre captivité va prendre fin.

Veuillez permettre à mon ami de vous bander les yeux, pendant que j’écris quelques mots. J’oserai encore vous prier de vous charger de remettre cette missive à M. votre père.

Complètement domptée maintenant ; rassérénée aussi à la pensée d’être bientôt réunie à son père, Lisbeth laissa serrer un bandeau sur ses yeux.

Entre ses ravisseurs elle parcourut en sens inverse l’escalier, le vestibule devinés à l’arrivée.

Elle fut derechef poussée dans une voiture qui se mit en mouvement.