Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/423

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— Cela est impossible, répondait-il aux objurgations du Malais.

— Soit, n’attaquez pas le navire, mais envoyez un de vos subalternes pour réclamer la jeune fille.

— Pourquoi aller au-devant d’un refus ?

— Qui vous prouve que le capitaine refuserait ?

— Le fait seul qu’il garde les jeunes gens à bord.

— Ce n’est pas une raison.

— Vous ne vous rendez pas un compte exact de, la situation. Il sait, par ses matelots, que des policiers allaient appréhender ses passagers. Cela, vous ne le niez pas ?

— En effet

— Eh bien, conclut triomphalement le Coréen, si, connaissant cela, il les conserve sur son navire, c’est qu’il leur accorde asile et qu’il ne veut pas que leur arrestation ait lieu.

Le raisonnement était logique, irréfutable.

Oraï ne put que s’incliner.

Mais alors, la terreur des représailles de son dieu sanguinaire bourdonna plus haut à ses oreilles.

En vain, il se disait :

— Ce qui est arrivé n’est point ma faute. Je n’ai rien fait pour empêcher la marché de la justice de M’Prahu ; donc, je ne saurais être responsable.

Une voix intérieure l’accusait, lui rappelant la terrible loi des sanctuaires :

— Celui qui a été condamné doit périr sur les autels qu’il a méprisés ; mais s’il est impossible aux serviteurs du temple d’amener le coupable dans le lieu saint, il leur est enjoint de le frapper partout où ils le rencontreront.

Ce dialogue continua entre les deux consciences du Malais : conscience d’homme, conscience de prêtre.

— Et je ne puis l’aller frapper sur le Varyag ! On ne pénètre pas dans un navire comme dans une habitation.

— Qui te parle de cela ?

— Mais toi, en m’enjoignent de frapper.

— On frappe avec l’esprit plus sûrement parfois qu’avec le kriss.

— Je ne te comprends pas.

— Alors tu as oublié le commandant Kuroki ?

— Que vient-il faire là dedans ?

— Ne t’a-t-il pas dit de lui adresser un télégramme