Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/434

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dans leurs cabines durant la lutte, se promènent maintenant.

Toute pâle, la jeune fille regarde les bordages fracassés, la passerelle éventrée, les cheminées percées par le passage des obus.

A-t-elle peur ?

Elle n’en sait rien. L’ambiance héroïque a déteint sur elle. Et puis, n’est-elle pas appuyée au bras de son fiancé ? Son âme ne puise-t-elle pas une force inconnue au contact de celle d’Albin ?

— Ah ! murmure-t-elle avec un mélancolique sourire, si mon père se doutait de ce qui se passe ! Lui, qu’une piqûre de moustique, sur mon doigt ou ma joue, affolait…

Gravelotte l’interrompt.

Le capitaine du Varyag passe et le Français l’interroge :

— Qu’allez-vous faire maintenant, commandant ?

— Je l’ignore, monsieur. C’est l’amiral Uriu qui décide à cette heure. Suivant son désir, nous avons opéré une sortie. Le diable seul peut prévoir ce qu’il lui plaira d’exiger maintenant.

Et avec un intérêt affectueux :

— Votre jeune compagne persiste à ne pas descendre à terre ?

C’est Daalia qui répond, vivement :

— Oui, oui, commandant, je persiste. Tout plutôt que tomber entre les mains du sacrificateur Oraï.

— Hélas ! pauvre petite colombe, entre deux morts, le choix paraît difficile.

— Non !… J’aime mieux que ce navire m’entraîne au fond du gouffre que de tendre le cou au kriss sacré d’un égorgeur de M’Prahu.

— Commandant, un envoyé japonais !

À ces mots, prononcés par un enseigne de vaisseau, le capitaine quitte les jeunes gens.

À dix pas, immobile, Kuroki attend.

Le visage du Russe se contracte en reconnaissant le messager déjà reçu dans la matinée.

Celui-ci ne paraît pas s’apercevoir de l’effet qu’il produit.

Il salue militairement.

— Que souhaite encore l’amiral Uriu ? demande l’officier russe avec une pointe d’ironie.

— D’abord, riposte du tac au tac le Nippon, vous