Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/444

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— Oui. Mais si Daalia n’est pas en jeu, où prends-tu la victime ?

— Où elle est.

— C’est-à-dire ?

— Dans mes habits.

— Toi ?

— En personne.

— Tu consens au supplice, si le livre sacré l’ordonne ?

— J’y consens.

Les bras de l’oncle François se nouent autour du cou du brave garçon.

— Mon fils, mon fils, gémit le planteur, laisse-moi affronter le danger. Qu’importe un vieillard dont l’existence touche à son terme !

— Non, mon père ! Souvenez-vous. Je suis parti de Paris pour vous sauver… laissez-moi accomplir la tâche que je me suis fixée.

Et, coupant court à de nouvelles objections, Albin se tourne vers Myria-Outan :

— Grand prêtre, je suis prêt.

— Qu’il soit fait ainsi que tu le souhaites ! répond le Batta plus ému qu’il ne voudrait le laisser paraître.

Dans la foule, tous les regards se fixent avec douceur sur le Français. Ils sont reconnaissants, ces gens de couleur, à ce blanc qui se sacrifie à l’une des leurs, à cette jolie Pangherana Gravelotte, qu’ils considèrent comme une fille de leur tribu.

Un nouveau cortège, escorté de serviteurs portant des torches, paraît. Daalia, Rana, Mable, Grace, Lisbeth, Morlaix, Fleck, Niclauss le composent. Tous ses compagnons de voyage ont suivi la fille de l’oncle François à Sumatra.

Tous tremblent pour elle.

— Jeune fille, lui dit Myria-Outan, celui-ci te remplace comme victime…

Il a désigné Albin.

Elle pousse un léger cri, mais le prêtre poursuit :

— Le livre sacré va t’être présenté. Toi-même, par la page choisie au hasard, décideras de ton sort.

Elle tremble. Elle voudrait résister, mais la voix, le geste, le regard d’Albin lui ordonnent d’obéir.

Dominée, elle étend la main vers le manuscrit qu’un prêtre du temple lui offre.