Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/45

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coûte dix mille francs, peut justifier un moment de colère.

Soyons donc indulgents au père et à la fille qui firent retentir les échos de la chambre de mots malsonnants.
xxx — Coquins !
xxx — Pirates !
xxx — Voleurs !
xxx — Bandits !
xxx — Apaches !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant le fiacre, aperçu par la jeune fille au moment où elle avait arraché son bandeau, avait continué à rouler.

Par le boulevard Haussmann, la rue Taitbout et les boulevards, il avait atteint la place de la République, puis la gare de Lyon.

Devant le « Départ », il avait déposé les voyageurs. Ceux-ci soldèrent l’automédon, largement sans doute, car le brave homme salua en lançant un vigoureux :

— Merci, mes princes.

Puis tous deux s’engouffrèrent dans la gare.

Au guichet des billets, ils demandèrent deux tickets wagons-lits pour Marseille, et bientôt ils étaient enfermés dans un de ces compartiments à couchettes mobiles, qui permettent de supporter si aisément les voyages de nuit.

Alors, ils enlevèrent perruques, barbes postiches, et apparurent sous les traits d’Albin Gravelotte et de Morlaix, dit Je-M’en-Fiche.

Tous deux eurent un éclat de rire joyeux.

— Bon, fit le premier, en arrivant à Marseille, il faudra renvoyer faubourg Montmartre nos accessoires pileux.

— Quel brave homme que ce perruquier de théâtres !

— N’est-ce pas, Morlaix ? C’est, en dehors de toi, le seul ami que j’aie conservé depuis ma déconfiture.

— Bah, avec deux amis sûrs

— La vie ne parait pas aigre, plaisanta Albin.

Et riant de cet à peu près, les compagnons de