Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ce qui m’en coûtera près de quatre mille.

— À toi.

— Ma foi, je dois rembourser à Fleck la longue dépêche qu’il m’a adressée pour me mettre en garde.

Ce disant, le planteur tirait de sa poche un cablogramme.

— Dépêche qui, continua-t-il, expédiée par la voie Russie-Madras, au tarif de cinq francs le mot, représente la somme de trois mille neuf cent quatre-vingt-cinq francs, puisqu’elle contient sept cent quatre-vingt-dix-sept mots.

Daalia eut un sourire insouciant :

— Si vous n’aviez été prévenu, mon père, l’aventure eût pu vous coûter davantage.

— Je n’y contredis pas. Mais quelle étrange histoire.

Et pensif :

— Fleck, sa fille Lisbeth et mon neveu Niclauss Gavrelotten, que je ne connais pas encore, dînent à Paris dans un grand restaurant.

Des malfaiteurs enlèvent la pauvre Lisbeth, exigent de son père une rançon de dix mille francs.

— C’est peu, fit Daalia avec une petite moue.

— Peu, on voit bien que tu n’es pas chargée de payer… Mais je reviens à mes moutons, ou plutôt à mes larrons. Fleck est un homme avisé. Il revient au restaurant, fait une enquête, et finit par apprendre que, du cabinet voisin de celui qu’il occupait, on entend ce qui se dit dans ce dernier. Dès lors, qui a été servi dans ce cabinet ? Réponse ; Un habitué qui prétend s’appeler Gravelotte. Parfait, nous tenons la piste. Un aventurier, deux aventuriers, car le drôle n’était point seul, ont entendu Fleck parler de moi. Ils se sont dit : Tiens ! Tiens ! mais voilà une affaire sérieuse. À court d’argent, ils ont extorqué à mon correspondant la somme nécessaire à leur passage.

— Très habile…

— Autant que malhonnête. Fleck court aux agences d’embarquement. Ses soupçons deviennent certitudes : le faux Gravelotte et son complice ont, en effet, pris le bateau pour Singapoor, Sumatra. Impossible de les rejoindre… Heureusement un cablogramme court plus vite que le plus accéléré des stea-