Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/69

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l’avenue, que déjà la jeune fille avait parcourue la veille avec François Gravelotte.

Mais il n’alla pas jusqu’au port.

À mi-chemin environ. Daalia jeta le cheval dans un sentier bordé de caféiers malais, lesquels plus résistants que tous les autres, se passent de l’ombre protectrice des palmiers. 

Dans l’air flottait une odeur douce, pénétrante, produite par l’évaporation des huiles essentielles des graines de la précieuses denrée.

— Comme cela sent bon, fit joyeusement la jeune fille.

Rana hocha la tête. Sa face parcheminée se stria de mille rides. Elle riait, heureuse de la beauté de sa compagne, de l’éclat de son teint, de la gaieté de son regard.

Aux caféiers, dans un léger fond, succédaient des champs de cannes sucrières, dont les tiges, hautes de quatre mètres, se dressaient ainsi qu’une forêt de lances.

Aucune brise ne les agitait. Elles demeuraient droites, rigides sous l’ardeur du soleil, qui leur donnait des reflets métalliques.

Plus loin, la culture cessait.

Le chemin gravissait une petite éminence rocheuse, sur laquelle s’espaçaient des massifs de plantes épineuses.

Au sommet, s’apercevaient des constructions basses, encloses de barrières formées de fils de fer.

— La prison, fit encore Daalia, d’une voix assourdie.

Rana répondit :

— La demeure de Souria.

— Oui, oui, prononça distraitement la jolie Mlle  Gravelotte.

On eût cru que Souria lui était devenue indifférente. Est-ce que vraiment l’affection si vive qu’elle exprimait naguère dans son salon s’était évaporée, tel un liquide volatil, durant sa courte promenade ?

Qui peut savoir les mystères d’une cervelle de jeune fille ?

Au bout d’un instant, elle reprit :

— Certes ! Cela garde bien les prisonniers, mais cela peut être dangereux pour les autres.