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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/72

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Sa pose abandonnée, la régularité du léger ronflement qu’exhalait sa bouche entr’ouverte disaient la profondeur de son sommeil.

— Jroboam Metling, mon père, dort comme toujours, Pangherana Daalia, je vais l’éveiller.

— Que non pas.

— Bah ! il somnole au moins seize heures par jour.

— Ils ont besoin de repos, ceux auxquels M’Prahu commande de dormir ainsi. Laisse-le en paix, Souria, et montre-moi les dernières parures confectionnées par tes doigts habiles.

Deux minutes après, les deux jeunes filles, si différentes de condition, étaient assises l’une en face de l’autre, et, sur une petite table, placée entre elles, amoncelaient les bracelets, bagues, colliers, anneaux jambiers dont les femmes du peuple se couvrent jusqu’à la profusion.

Souria les présentait.

Daalia avait, pour chacun, un éloge qui flattait l’habileté de l’ouvrière.

— Ah ! fit-elle tout à coup, ma mignonne Souria, je ne conçois pas que tu aies le temps de façonner toutes ces jolies choses.

— Oh ! le temps ne manque pas.

— Pourtant, puisque Jéroboam Metling est constamment au pays des songes, il faut encore, ma jolie, que tu t’occupes de la prison.

— Bah ! des ordres à donner aux deux geôliers.

— Et si les prisonniers adressent des réclamations.

— Je réveille mon père.

— Ah ! La fille de François Gravelotte sembla s’absorber dans la contemplation d’une ceinture de filigrane.

Mais brusquement elle releva la tête, et d’une voix où un observateur attentif eût démêlé une inexplicable émotion, elle reprit lentement, cherchant ses mots, comme si elle hésitait à exprimer toute sa pensée. 

— C’est pourtant des prisonniers qui m’ont poussée à venir te voir, ma gracieuse amie.

— Bénis soient-ils de m’avoir procuré cette joie.

— Oui, des prisonniers que l’on a dû t’amener