Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/84

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lette, et sans souci de se chiffonner, de déranger l’édifice de sa coiffure, elle s’abandonnait à un bruyant désespoir.

Et Fleck et Niclauss, reconnaissant que vraiment il y avait de quoi pleurer, demeuraient sans voix auprès de la blonde et multicolore désolée, ne trouvant pas une parole pour la consoler.

Aussi, la conjecture était grave.

Arrivés le matin même, les trois « complices » avaient été bouleversés par les confidences de François Gravelotte, de cet oncle François dont ils avaient cru si aisément se partager les dépouilles.

Très calme, très digne, le planteur leur avait annoncé, qu’après informations minutieuses, il avait acquis la certitude qu’Albin Gravelotte, incarcéré quinze jours plus tôt, avait bien réellement droit au nom qu’il portait, et était en vérité son neveu, au même titre que Niclauss.

Dès lors, il ne pourrait convenir à l’oncle François de laisser un de ses parents sur la paille humide des cachots.

Le digne millionnaire avait donc prié Fleck et Niclauss de retirer leur plainte et, séance tenante, de faire remettre les prisonniers en liberté.

Le moyen de résister à l’injonction d’un oncle dont on convoite l’héritage ?

Les Allemands s’étaient soumis.

Ils avaient couru chez les autorités, innocenté Albin et Morlaix et, maintenant, ils attendaient que, les formalités administratives de levée d’écrou étant terminées, les captifs se présentassent à la plantation.

Qu’allait-il se passer ?

À quelle résolution François s’arrêterait-il ?

Mystère !

Les choses mystérieuses sont toujours agaçantes, mais quand dix millions en dépendent ; elles peuvent paraître à bon droit tout à fait insupportables.

Voilà pourquoi Lisbeth larmoyait, pourquoi Niclauss grimaçait horriblement, tel un homme qui s’étrangle avec une arête, pourquoi Fleck transpirait comme un vase poreux, en se creusant vainement la cervelle pour trouver une issue à la situation.