Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/89

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Il n’y avait qu’à se rendre à l’appel de l’oncle François.

Non sans émotion, Niclauss, flanqué de Fleck et de Lisbeth, suivit Sar-Hi.

Bientôt, il pénétrait, avec ses amis, dans le salon où naguère Rana avait remarqué la première rêverie de Daalia.

Déjà François Gravelotte s’y trouvait.

Auprès du planteur, Albin et Morlaix se tenaient debout. Eux étaient graves ; l’oncle, lui, avait sur les lèvres, dans les yeux, un vague sourire.

Il ne laissa pas aux arrivants le temps de faire ces remarques.

— Mes beaux neveux, dit-il, il y a entre vous un malentendu que je me suis efforcé de dissiper. Au demeurant, l’affaire est avantageuse pour moi. J’attendais un libérateur et il s’en présente deux.

Il fit une pause, ce qui donna à Morlaix le loisir de glisser à l’oreille de son patron et ami :

— Ton oncle est gai. Pourquoi diable rit-il en dessous comme ça ?

François reprenait :

— L’un et l’autre, chers neveux, vous êtes accourus ici, avec l’intention de me débarrasser de mes huit épouses battas et de me succéder dans l’exploitation de mes propriétés, après m’avoir rendu la liberté. Votre dualité ne change rien. Deux façons existent de mener à bien vos desseins. Soit partager ma fortune ; soit entrer en rivalité, lutter à celui qui me libérera.

— Niclauss contre Albin ! s’écria Fleck.

— Gravelotte contre Gavrelotten ! riposta Morlaix.

— France contre Allemagne, ajouta doucement l’ami de ce dernier.

Lisbeth, elle, leva les yeux vers le ciel, en ronronnant :

Cytise jaune… combat héroïque !

Seul, Niclauss ne dit rien.

Mais une grimace expressive trahit sa pensée. Évidemment, l’élégant héritier de la branche teutonne de la famille Gravelotte n’était point partisan des aléas de la bataille

— Je vous ai donc réunis, reprit l’oncle François,