Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

afin d’éclaircir ce premier point. Êtes-vous alliés ou adversaires ?

— Adversaires, laissa tomber Fleck.

Niclauss voulut protester. L’homme d’affaires l’arrêta du geste.

— Soit ! consentit Albin.

— Mais, objecta le planteur, il faudra donc que l’un de vous réussisse à se faire agréer par mes huit épouses, et cela, malgré l’opposition de l’autre.

— Pas du tout.

À cette réplique de Fleck, tous les yeux se fixèrent sur le gros homme.

— Voici ce que ma longue expérience des affaires me suggère, messieurs, commença le père de Lisbeth. Chacun pour soi. Au terme du voyage, chacun de ces messieurs amènera une partie du troupeau gracieux, dont la rentrée à Sumatra sera le signal de la libération du digne Mein Herr François.

— Alors, ils sont obligés de s’associer ?

— Attendez. Plus simple que cela. Ces messieurs jouent aux cartes leurs lots respectifs. Le gagnant rentre alors dans les conditions indiquées naguère par notre très honorable hôte ici présent.

— C’est vrai.

— Adopté !

Ces phrases se croisèrent, lancées par les cousins rivaux.

François inclina la tête :

— Voilà qui est convenu. Maintenant, un dernier mot, mes neveux, car j’estime que vous ne devez rien ignorer :

« Vous assumez une tâche difficile, peut-être dangereuse. Êtes-vous certains de votre courage ?

D’une voix ferme, Albin répondit :

— J’allais me tuer lorsque j’ai su votre situation.

« Le sacrifice de ma vie était fait ; donc, je suis assuré contre la peur.

Niclauss, lui, mâchonna entre ses dents :

— Bien Français, ce sot ! Est-ce que l’on n’est jamais sûr de son courage ?

Mais il ne jugea pas à propos d’exprimer à haute voix ce sentiment.