Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/92

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mands qui conspirent là-bas. Ils acceptent la rivalité, donc ils ont une pensée de derrière la tête !

— Sois-en persuadé.

— Quelle nouvelle canaillerie ont-ils imaginée ?

— Ça, je n’en sais rien. Mais si tu y tiens beaucoup, je le saurai.

— Comment ?

— Je trouverai bien un moyen.

Pour François, il était passé dans la salle voisine, où deux personnes, Daalia et sa nourrice Rana, l’attendaient.

Cette dernière était superbement vêtue de soie. Des gorgerins, bracelets, chevilliers, pendants d’oreilles, brimbalaient avec un cliquetis tintinnabulant à chacun des mouvements de l’étrange créature, que son ajustement faisait paraître plus jaune, plus laide, plus ridée encore qu’à l’ordinaire.

Auprès de sa jeune maîtresse, elle avait assisté, par la porte entr’ouverte, à la scène précédente.

Daalia regardait Albin. Elle frissonna lorsque le jeune homme fit allusion au sacrifice de sa vie.

— Tu l’entends, Rana ? murmura-t-elle.

La nourrice l’interrompit vivement :

— Silence. Tu oublies que ta vie est en danger si tu montres la moindre préférence. Miria-Outan a chargé le sacrificateur Oraï de te surveiller. Et, pour les sacrificateurs, les murailles, les buissons, la terre même ont des oreilles.

Puis, d’une voix légère comme un souffle, un rire silencieux striant son visage d’innombrables rides :

— C’est moi, Rana, première épouse supposée de ton père, qui vais, ce soir même, soumettre ces jeunes gens à l’épreuve de la première vertu du guerrier.

— La patience.

— Oui, compte sur Rana, petit oiseau bleu ; ce que tu ne saurais faire toi-même, Rana le fera.

Elles se turent. Le planteur entrait.

Il vint à elles.

— Eh bien, Daalia, ai-je bien joué l’odieuse comédie que m’impose ton vœu à M’Prahu ?

La jeune fille l’enlaça de ses bras :

— Oui, mon père chéri.