Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/94

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— Ma première épouse, dit sérieusement François ; votre première fiancée, mes chers neveux.

Les interpellés saluèrent, sans avoir la force de prononcer un mot.

Mais leurs traits exprimaient si clairement leur indécision, disons plus, leur répulsion, qu’un instant on eût pu croire qu’ils allaient renoncer à l’œuvre entreprise.

Par bonheur, Fleck et Morlaix étaient là.

Le premier se pencha vers Niclauss, le second vers Albin.

— Qu’est-ce que cela fait, Herr Niclauss, murmura l’un, puisque vos fiançailles ne sont qu’une frime ?

— Bah ! délivre ton oncle, susurra l’autre. Après cela, nous reviendrons au suicide.

Et les jeunes gens, ragaillardis par ces encouragements, rappelèrent le sourire sur leurs lèvres.

Mais ils tressaillirent au son de la voix aigrelette de Rana, qui entrait bravement dans son rôle :

— Où sont ceux qui désirent que j’embellisse leur existence ?

Embellir ! Non, l’expression était trop comique, et Lisbeth traduisit l’impression générale par ces mots :

Chardon purpurin, prétention.

Cependant, François désignait les rivaux.

— Albin Gravelotte, Niclauss Gavrelotten.

Rana toisa les jeunes gens, puis, autoritaire :

— Approchez-vous.

Sa main maigre se tendait vers le Français.

Docilement, en homme qui a pris son parti de l’aventure, Albin vint se planter en face de la nourrice.

Celle-ci était de taille exiguë, de sorte que Gravelotte la dominait de toute la tête.

— Il est trop grand, fit-elle rageusement, je ne puis pas voir ses yeux en face.

Et saisissant les mains d’Albin :

— Baissez-vous !

Il obéit, non sans qu’un étonnement se peignît sur ses traits. Dans son mouvement, la vieille Malaise lui avait glissé un papier roulé dans la main.

Elle le considérait curieusement en marmottant :

— L’œil est franc, le nez régulier, la bouche