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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/95

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moyenne… Pas mal ! Allons, pas mal ! N’oublions pas l’oreille !

Elle se pencha comme pour examiner de plus près le pavillon auriculaire de son interlocuteur et dans un souffle 

— Lisez sans que l’on vous voie.

Puis, à haute voix :

— Pas mal ! Pas mal ! Je ne dis pas non. Vous avez bon caractère ?

— Excellent, riposta Albin.

— Nous verrons cela, nous verrons cela… Il faut un caractère très doux, sans cela… Mon père est — un grand chef batta, il a de longues dents, pour manger le gendre qui contrarierait sa chère fille Rana… Ha ! ha ! ha !

Elle eut un rire grinçant qui fit frissonner l’assistance.

— Là, Albin, je vous autorise à me faire la cour… À l’autre, maintenant.

L’autre — c’était Niclauss — ne bougea pas. Il était littéralement médusé. La vieille, avec cette aptitude particulière des Malais à la simulation, jouait son rôle avec un réalisme effrayant.

Et vraiment une fiancée qui vous menace des dents cannibales de monsieur son papa ne semble pas devoir exercer une attraction bien vive.

— L’autre, l’autre, répéta la bizarre créature d’un ton colère.

Poussé par Fleck, Niclauss fit quelques pas, en grommelant :

— Si ce n’était pas une simple figure, bien sûr que j’abandonnerais l’oncle François à son sort.

— Trop grand aussi, glapit Rana.

— Je me baisse, je me baisse, se hâta de répondre Niclauss, espérant que son amabilité lui serait comptée comme un bon point.

Mais son empressement n’apaisa point la nourrice, car, pour le stimuler, sans doute, elle appliqua sur le sommet de la tête de l’Allemand une calotte si vigoureuse que l’infortuné perdit l’équilibre et se trouva assis sur le plancher.

— Oïe ! Oïe ! Olï ! gémit-il.

— Pas satisfait, clama la vieille. Rana veut son