Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/96

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mari toujours satisfait d’elle, ou son papa manger, papa a de longues dents.

— Si, si, satisfait, gronda Niclauss.

— Satisfait ! à la bonne heure. Une tape d’une petite main de femme, c’est une caresse. Un bon mari batta battu donne un baiser à sa compagne.

Et elle tendait sa joue jaune et ridée.

Ah ! ça, c’était plus dur qu’une calotte. L’Allemand hésita.

— Voilà une faveur inespérée ! s’exclama alors le père de Lisbeth.

Niclauss, rappelé ainsi au sentiment de la situation, octroya a la nourrice un baiser aussi discret que peu désiré.

Morlaix riait aux larmes. Quant à l’oncle François, il se mordait les lèvres pour ne pas succomber à la tentation de faire chorus avec le domestique ami.

Pendant que l’on ramassait Niclauss, visiblement effaré, Albin s’était approché de la fenêtre sans affectation.

Ayant déroulé le papier qu’il avait conservé dans sa main, il lisait :

« Je ferai semblant de vous pincer, de vous battre. Criez comme si je vous faisais mal, jusqu’au moment où je vous dirai d’accueillir par un sourire tous mes faits et gestes. Brûlez ce papier que nul ne doit voir. »

— Ah çà ! murmura-t-il, cette harpie me marque une préférence… inquiétante !

Mais se ravisant :

— Morlaix avait raison. Délivrons l’oncle François ; après, une balle dans la tête me délivrera moi-même.

Cette résolution prise, il glissa le billet dans sa poche et revint vers le groupe, au moment où Rana disait :

— Je vous autorise aussi à rechercher mon alliance.

Un instant, elle regarda la porte par laquelle tout à l’heure elle était entrée. Nul ne soupçonna que la vieille songeait à Daalia, demeurée seule dans la