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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/125

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CHAPITRE XIV

Ni épouse, ni impératrice, ni mère


— Monsieur, quelle est la route de Schœnbrünn ?

— Suivez Grabenstrasse, tournez par la Jœckel, et ensuite tout droit, trois kilomètres environ, au bout desquels vous apercevrez les murs du parc de Schœnbrünn.

— Mille grâces, Monsieur.

Bobèche, que sa connaissance de l’allemand avait fait choisir comme interprète, salua le bourgeois viennois qui l’avait renseigné et revint vers ses amis, plantés comme deux i à quelques pas de là.

— Eh bien, firent-ils ?

— Je sais !

— Alors, tu nous conduis à Schœnbrünn ?

— Palais qui abrite en ce moment Marie-Louise, ex-Impératrice des Français, et son fils, le fils de Napoléon.

— Qui abrite surtout la noble comtesse Walewska, laquelle est plus dévouée à l’exilé que l’épouse autrichienne.

— Allons, en route.

Les trois Français jetèrent un dernier regard sur une maison voisine. C’était là que le comte Walewski, délégué de Pologne, avait élu domicile pendant le Congrès de Vienne, qui allait décider des destinées de l’Europe.

Leurs chevaux installés dans les écuries d’une hôtellerie, Espérat et ses compagnons s’étaient rendus, sans prendre le moindre repos, à la demeure du gentilhomme polonais.

Là, on leur avait appris que le comte assistait à une réunion extraordinaire du Congrès, et que la comtesse s’était fait conduire au château de Schœnbrünn, où la légère Marie-Louise s’entourait de plaisirs et de bruit, peut-être pour ne pas entendre la voix qui, du haut des collines rocheuses d’Elbe, pleurait sur l’abandon de l’épouse, sur l’éloignement de l’enfant.