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guerre, avons fait remise de l’île d’Elbe, de ses places fortes, batteries, établissements et magasins militaires, munitions, et de toutes les propriétés dépendant du domaine impérial, à M. le général de division Drouot, chargé des pleins pouvoirs de S. M. l’Empereur Napoléon, reconnu souverain de l’île d’Elbe par les Puissances Alliées et le gouvernement de la France ; avons de suite dressé et signé, avec les témoins ci-dessus désignés, le présent procès-verbal de possession de l’île d’Elbe, fait par M. le général Drouot, au nom de l’Empereur Napoléon. »

Puis on établit le procès-verbal de reconnaissance du pavillon elbois. En voici le texte :

« Aujourd’huy, 4 mai 1814[1], S. M. l’Empereur Napoléon ayant pris possession de l’île d’Elbe, le général Drouot, gouverneur de l’île, au nom de l’Empereur, a fait arborer sur les forts le pavillon de l’île, fond blanc traversé diagonalement d’une bande rouge semée de trois abeilles d’or. Ce pavillon a été salué par les batteries du fort, de la côte, de la frégate anglaise l’Indomptée et des navires français qui se trouvaient dans le port. En foi de quoi, nous, commissaires des Puissances Alliées, avons signé le présent procès-verbal, avec le général Drouot, gouverneur de l’île d’Elbe. »

Tous ces préliminaires terminés, il fut permis au proscrit de gagner la terre.

L’affection du peuple elbois devait lui apporter une douce consolation.

Il débarqua à la Porte de Mer de la Darse, le port étant presque complètement entouré par les remparts de la place.

Le général Dalesme, courtois comme il le fut toujours, avait permis au public d’envahir le chemin de ronde, de sorte que les quais, les remparts, les maisons, les places, regorgeaient de monde. Toute la population de l’île était accourue à Porto-Ferrajo.

L’Empereur quitta l’Undaunted, à bord du grand canot, dont les bancs avaient été recouverts de tapis. La frégate salua son départ de vingt et un coups de canon, et son équipage poussa trois hourrahs, auxquels répondirent les rameurs de l’embarcation.

Les autres navires sur rade, l’artillerie de la place, les cloches des églises, se firent entendre à leur tour.

Napoléon écoutait, la tête découverte.

Quand les canons des forts tonnèrent, il eut un tressaillement.

  1. On remarquera que les deux procès-verbaux portent les dates des 3 et 4 mai. En réalité, tous deux furent signés le 4, mais les commissaires tinrent à ce que le procès-verbal de prise de possession fût daté du 3, jour de l’arrivée dans le port de Ferrajo.