Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/55

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Louis fronça les sourcils :

— Vous parlez comme une enfant, ma nièce. Napoléon est enfermé à l’île d’Elbe. La flotte anglaise, des vaisseaux de notre marine, veillent à ce qu’il ne sorte pas de son petit royaume. Gardons-le étroitement, mais, pour Dieu, n’en ayons pas l’air.

À ce moment, on frappa discrètement à la porte, et presque aussitôt un page entra. C’était celui-là même qu’avait envoyé le duc de Blacas.

À l’annonce du nom de son favori, un joyeux sourire éclaira le visage du roi, et par réflexion, les faces renfrognées des assistants se détendirent.

— Qu’il vienne, qu’il vienne, s’écria Louis avec empressement.

— Profitant de la diversion, le comte d’Artois se leva et s’inclinant :

— Vous avez sans doute à vous occuper des affaires de l’État, mon cher frère, permettez-moi de me retirer.

— Si vous le désirez, Charles.

Sans nul doute, le roi était enchanté de recevoir son confident. Aussi donna-t-il fort gracieusement à ses auditeurs licence de s’éloigner, non sans ajouter cette recommandation paternelle :

— Et surtout, soyez sages.

De Blacas parut sur le seuil, profondément incliné.

Il demeura ainsi jusqu’à ce que les parents du roi fussent sortis. Alors il redressa sa haute taille, s’assura que la porte était bien close, puis venant à Louis :

— Sire, je sollicite de Votre Majesté, la permission de lui présenter des sujets fidèles entre tous.

— Fidèles entre tous ? De quel ton tu me dis cela, mon Duc.

— Le seul qui convienne, Sire. Car l’un a perdu sa raison, l’autre a sacrifié l’honneur de son nom au service de Votre Majesté.

— Hein ? l’honneur, la raison ?

Le favori alla vers la porte, l’ouvrit, et appelant du geste ses compa-