Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/75

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pas, comme elle-même, victime des combinaisons de M. de Talleyrand ?

M. de La Valette détourna l’attention :

— Alors le roi a accepté ?

— Non, pas encore.

— Il hésite ?

— Pour la forme. Avant huit jours, d’Artin reprendra le chemin de Vienne, avec, en poche, une lettre autographe de Louis XVIII donnant à Talleyrand licence d’agir comme il l’entend.

Un lourd silence suivit ces dernières paroles.

Mais à l’instant où le président de la réunion ouvrait la bouche pour convier ses compagnons à discuter les mesures à prendre, afin de paralyser les menées de M. de Talleyrand, la porte s’ouvrit, violemment poussée du dehors, et Yvan Platzov fit irruption dans le caveau.

Essoufflé, frémissant, le pope lança de sa voix tonitruante :

Mors est bonis, triumphum malis. La mort menace les bons, les méchants triomphent.

Et M. de La Valette l’interrogeant du regard :

— Le Clos Noir est entouré de sbires aux gages de la police. Nos compagnons ont pu s’éloigner avant l’arrivée de ces philistins, mais nous, nous sommes cernés.

Le Président ne perdit rien de son calme.

Il s’écarta de la table ; les autres chefs imitèrent son mouvement.

Aussitôt la table s’enfonça dans le sol. Quant aux dalles qui recouvraient le plancher, elles basculèrent avec les bancs qui s’y trouvaient fixés, et de la salle d’assemblée il ne resta rien que les murs nus, autour d’un dallage privé de tout