Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/89

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Sur ce mot, d’Artin ouvrit. Tous se précipitèrent et demeurèrent bouche bée. À l’âge d’Espérat, le sommeil est profond. Le jeune homme continuait à dormir, il n’avait rien entendu.

Mais les nouveaux venus le considéraient avec stupeur.

Ils pensaient rencontrer un homme d’un certain fige, tremblant, apeuré, et le lumignon éclairait le visage d’un jeune garçon :

— Ah grommela le comte. La chance est pour moi. C’est cet Espérat, introuvable depuis Fontainebleau.

Il n’y avait pas à s’y méprendre. Dépouillé de sa perruque et des ajustements campagnards, la figure du jeune homme apparaissait avec une netteté qui ne permettait pas le moindre doute.

— Espérat, avait répété Latrague très intéressé par l’aventure !

— Espérat ! redirent les policiers.

— Oui, gronda d’Artin, Espérat Milhuitcent, un fanatique de l’Usurpateur, vainement recherché jusqu’à ce jour par la police.

Et comme les policiers se regardaient, avec la mine satisfaite de gens qui, pour une capture importante, espèrent toucher la forte prime.

— Tudieu, gronda le comte, voilà un coquin que nous allons faire déchanter.

Brutalement il appuya sa main sur l’épaule du jeune homme.

Celui-ci ouvrit les yeux et referma aussitôt les paupières, ébloui par la lumière soudaine.

— Allons, mon drôle, éveille-toi, et plus vite que cela.