Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/92

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signé de M. Dandré. Allez et souvenez-vous que vous répondez du prisonnier sur votre tête.

— M. d’Artin a toujours le même procédé, ricana le captif. Il engage la tête des autres.

Et sans résistance, il se laissa entraîner.

Un instant après, il descendait l’escalier, vigoureusement maintenu par ses deux surveillants.

Du seuil de la chambre, le comte écoutait. Quand le bruit des pas se fut éteint, il s’approcha de Denis Latrague, qui, adossé au mur, attendait ses ordres.

— Vous allez vous coucher. Vous avez saisi mes explications en route. Du reste, je compte sur votre mémoire. Si je suis content de vous, vous serez largement récompensé, l’abondance régnera chez vous.

— Vous serez satisfait, Monsou lou comte, j’ai l’esprit d’ordre.

— Conservez-le, car sans cela…

Latrague joignit les mains :

— Menacez pas, Monseigneur ; savez-vous pas que Denis vous est attaché comme le coquillage à un rocher où il trouve sa nourriture. Il faudrait me couper en morceaux pour m’empêcher de vous servir.

Le gentilhomme hocha la tête avec satisfaction.

— Je vous crois, Maître Denis. À présent, enfermez-vous dans votre chambre reconquise, reposez-vous.

Au moment de s’éloigner, il s’arrêta encore :

— Je vous ai recommandé de ne rien faire, comme médecin, auprès de votre jeune maîtresse ; mais vous pouvez, vous devez même écouter avec attention ce qu’elle dira, ou ce qui se dira autour d’elle.

— J’écouterai.

— Au besoin même, comptez ses soupirs, notez ses gestes.

— Hé bé, un espion alors… ?

— Non, un fidèle sujet du roi…, bien payé, et dont le dévouement sera connu de Sa Majesté.