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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/106

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sa compagne, il amena insensiblement le sac de soie à sa portée.

Elena n’avait rien senti.

— Allons, plaisanta l’ingénieur, j’avais une vocation de cambrioleur.

S’assurant qu’aucun passager ne l’observait, tranquille du côté des sujettes britanniques dont la querelle avait repris de plus belle, il se mit en devoir de desserrer la « coulisse », qui interdisait à ses doigts l’exploration intérieure de la pochette.

Déjà le médius et l’index, introduits dans l’étroite ouverture, travaillaient à l’élargir. Déjà Mlle Roland se réjouissait, croyant avoir partie gagnée, quand une véritable catastrophe vint remettre tout en question.

Oh ! bien calme la catastrophe.

Mistress Elena se leva vivement, et coulant les brides du réticule entre les gros doigts de sa demoiselle de compagnie :

— Gardez-moi cela, ma chère. Je cours à ma cabine,… je reviens.

— Mistress n’a pas besoin de mes bons offices ?

— Du tout, du tout ; je m’aperçois seulement que j’expose mon visage à la brise de mer, sans l’avoir protégé par une lotion de l’Anti-hâle. Me voyez-vous avec un teint de matelot !

Mable ouvrit la bouche, leva les yeux au ciel, comme pour le prendre à témoin de l’incongruité d’une pareille supposition, tandis que, légère ainsi qu’une bergeronnette, Elena se dirigeait en trottinant vers l’escalier des cabines.

Jean avait échoué au port.

Si effarée était sa mine, que Stella ne put réprimer un éclat de rire.

Celui-ci attira l’attention de la ronde Mable qui, par imitation nerveuse, fut prise d’une irrésistible hilarité.

L’ingénieur vexé contemplait le réticule, séparé de