Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hors de la question des poids, dont l’importance ne sera discutée par aucun gentleman s’occupant de courses en plat ou en steeple, le dogue possédait quatre jambes, quatre jambes qu’une simple opération arithmétique dévoilera égaler deux fois deux, ou encore deux au carré.

D’où un professionnel algébrique ou physico-chimique ne manquera pas d’extraire la formule suivante et savante :

— La vitesse de déplacement d’un chien, par rapport à celle d’une demoiselle de compagnie, est directement équivalente au rapport du carré d’un nombre à ce nombre lui-même.

Ce qu’en langage vulgaire on peut traduire ainsi :

En trois bonds Nieto rejoignit Mable, en quatre il l’eut dépassée.

Alors il se dressa debout sur ses pattes postérieures et appuya les antérieures sur les épaules de la pauvre fugitive à demi folle d’épouvante.

Sous cette poussée inattendue, Mable perdit l’équilibre, roula sur le pont, tandis que le réticule, projeté par un choc en retour, s’en allait frapper au genou mistress Elena qui revenait juste à ce moment.

Deux cris, vingt cris retentirent.

Les spectateurs, amusés jusque-là, se précipitèrent au secours des deux femmes, mais le mouvement commancé ne s’acheva pas.

Tenace comme tous ceux de sa race, Nieto avait abandonné cavalièrement miss Mable, qui semblait se livrer sur le plancher à un exercice natatoire, et avait suivi le réticule.

Le saisir aux pieds d’Elena stupéfaite, le déchiqueter à belles dents, tout cela s’accomplit avec la rapidité de l’éclair.

Et l’inquiétude, née de l’étrange conduite du chien du capitaine, se termina par un rire général.

Tout venait de s’expliquer.