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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/117

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se donnaient carrière sur le steamer, Scipion Masslliague avait rassemblé ses amis dans sa cabine.

Marius, Francis Gairon, Pierre étaient là. Jean et Stella, mandés par le Marseillais, s’y trouvaient également.

Celui-ci les remercia d’abord d’avoir répondu à son appel.

— Monsieur, mademoiselle, nous nous sommes rencontrés pour la première fois au moment du départ de la Martinique, mais, pécaïre, il me sembla juste de vous convoquer à ce conseil.

— Ce conseil ? questionna l’ingénieur.

— Un conseil de guerre, vé, mon cher ami.

— La guerre, et à qui voulez-vous la faire ?

— À la duplicité.

— Vous dites ?

— La duplicité…

Puis, d’un ton confidentiel :

— Vous êtes de braves jeunes gens, pas vrai ? Moi, je vous ai jugés de suite. Nous avons l’œil, en Provence.

— L’ail, interrompit Marius.

— L’œil et l’ail, ma caille ; le premier pour connaître le cœur des hommes, le second pour connaître la meilleure cuisine du monde ; mais ne coupe pas mes périodes, je reviens a mon discours.

Il s’inclina devant Jean et sa compagne :

— J’ai vu que vous vous intéressiez au sort d’Ydna, de Dolorès et j’ai pensé que vous ne seriez pas de trop dans ce conciliabule, où il va être fortement question d’elle.

À l’audition de cet exorde, Stella regarda Jean, Jean regarda Stella. Une même inquiétude les avait mordus nu cœur.

Le Marseillais, dont la finesse transparaissait sous la galéjade, s’était-il emparé de leur secret ? Par quelle maladresse, par quelle faute s’étaient-ils trahis ? Mais ils n’eurent pas le temps de s’interro-