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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/125

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— Et pourtant, fit-elle tristement, si ce marin reste là toute là nuit…

Le dîner s’agita :

— Après tout, ce n’est qu’un matelot.

Pour achever la déroute de Mable, le repas coupable devint plus pressant.

— Un matelot n’est pas un gentleman.

Sur cette conclusion, aveu de sa défaite, la demoiselle de compagnie empoigna derechef sa lumière et délibérément fit tourner la porte sur ses gonds.

Le marin était toujours là.

D’un pas majestueux, Mable sortit et se dirigea vers l’endroit où le tyrannique dîner la poussait impatiemment.

elle se croyait sauvée, quand une formidable résonance retentit.

Le matelot de garde, muni d’un gong et d’une mailloche, venait d’annoncer sa sortie en frappant vigoureusement l’un avec l’autre.

Alors le couloir entier parut s’animer. D’autres marins accouraient. Des exclamations bourdonnaient dans les cabines. Jean se montrait ; Massiliague et Francis surgissaient de l’ombre.

Éperdue, démoralisée, Mable hésita un instant.

Puis telle une Atalante, elle avança de toute la vitesse de ses jambes et s’engouffra dans le petit reduit, but de son expédition.

Un quart d’heure plus tard, elle en sortit souriante, le visage rasséréné, mais ledit visage prit une teinte de pourpre, lorsque sa propriétaire dut défiler devant une dizaine de personnages silencieux, adossés à la cloison du couloir.

Quel supplice pour le pioudeur britannique !

La grosse demoiselle ne respira à l’aise qu’une fois verrouillée dans sa cabine. Avec une prestesse dont on ne l’eût pas jugée capable, elle se dévêtit, se glissa dans sa couchette et ferma les yeux.

Le sommeil, être fantasque, ne se règle pas sur le