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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/129

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l’officier causait tranquillement avec Scipion Masslliague et le Canadien Gairon.

À toute vitesse, semblables à des concurrentes pour le championnat de la course à pied, Elena et Mable se ruèrent vers le señor Armadas.

Celui-ci les salua le plus courtoisement du monde.

— Ces señoras se promènent de bon matin, fit-il, placide et souriant. Rien n’est plus hygiénique.

Ah ! l’hygiène… elles pensaient vraiment bien à l’hygiène ! En phrases entrecoupées, elles formulèrent leurs plaintes, exprimèrent leurs désirs :

— C’est une indignité condamnable. Une patrouille marcher dans le dos de nous-mêmes, comme dans le sillage de voleurs. Je priais vous de faire cesser, de piounir ce mauvaise plaisanterie, pas humbug du tout.

Derechef Armadas s’inclina et, avec la plus exquise politesse :

— Impossible, señoras.

— Quoi ? Vous ne commandez pas à ces hommes ?

— Je vous demande pardon.

— Eh bien, en ce cas…

— Seulement, c’est moi qui leur ai ordonné de ne pas vous perdre de vue.

— Vous ?

— Et il ne dépend que de votre volonté de voir cette petite persécution cesser à l’instant.

Les Anglaises furent pétrifiées. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, elles restèrent quelques secondes comme suffoquées.

Enfin la voix leur revint.

— Notre volonté n’a rien à voir ici ; sans cela ces insolents marins seraient déjà retournés dedans le poste de l’équipage.

Le sourire du capitaine s’accentua, se reflétant sur les visages de Scipion et de Francis.

— Il en est ainsi pourtant.

— Vous riez contre nous.