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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/130

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— Pas le moins du monde. Voyons, señoras, un peu de franchise. Vous savez parfaitement pourquoi j’ai été contraint de vous faire surveiller.

— Nous savons !… Mais je jure par…

— Ne jurez pas, señora Doodee ; je suis sûr de ce que j’avance.

Puis doucement :

— Certes, la discrétion est une chose respectable. Vous avez promis le secret, vous tenez votre engagement, rien de mieux. Je suis homme d’honneur et je vous approuve. Mais, d’autre part, l’intérêt de quatre-vingts millions d’êtres est en jeu, je dois en tenir compte. Pardonnez-moi donc si je ne défère pas à vos vœux.

Ce n’était plus de la surprise, mais de l’ahurissement que ressentaient les Anglaises. De quel secret leur parlait-on ?

Et ces quatre-vingts millions d’âmes, dont l’intérêt voulait qu’elles fussent suivies inexorablement par quatre hommes, à qui appartenaient-elles ?

Elles allaient questionner. Le señor Armadas fut plus prompt qu’elles :

— Voilà donc qui est clair… commença-t-il.

— Vous trouvez ? fit désespérément Elena.

— Clair comme le jour, approuva le capitaine. Vous devez comprendre ce que vous avez à faire pour redevenir libres comme par le passé.

— Ah ! je dois comprendre.

— Il me semble.

— Eh bien ! si je vous demandais de parler de même façon que si je ne comprenais pas.

Armadas s’inclina :

— Je serais à vos ordres, señora.

Les traits d’Elena se rassérénèrent un peu à cette réponse.

— En ce cas, poussez la courtoisie jusqu’à m’indiquer comment je pourrai me débarrasser de cette escorte encombrante.