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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/139

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— Un serment solennel, peut-être ?

— En effet.

Le visage de Francis Gairon, tout à l’heure contracté, se détendit. Elena en fit la remarque, et ne s’en trouva que plus décidée à avouer tout ce que l’on désirerait.

— Hé donc, poursuivit Scipion, je savais bien que l’on finirait par s’entendre. Procédons avec ordre. Je suis un homme d’ordre comme tout bon citoyen de Marseille. J’ai de l’ordre, à ranger un zéro…, à la droite d’un nombre s’entend. C’est ce que les barbares du Nord, ils appellent l’esagération, pauvres bestioles ! Mais je m’écarte de la droite ligne. Premier point acquis. Dolorès se cache à bord. Passons à autre chose ; elle compte débarquer à Sao-Luis de Maranhao ?

— À Sao-Luis, parfaitement.

— Vous aussi ?

— Nous aussi, on ne peut rien vous cacher.

Elle plaisantait, la petite mistress, ravie, au fond, de la tournure pacifique de l’entretien, tournure qu’elle attribuait naïvement à sa présence d’esprit, à son soin jaloux de n’aller à l’encontre d’aucune idée des fous.

Derechef, Scipion se frotta les mains.

— Et une fois à terre, ma gentille, Dolorès vous rejoindra ?

— Elle nous rejoindra.

— Vous pouvez bien me dire où vous descendrez ?

— Au palais du président de l’État de Maranhao, se confia in petto la blonde fille d’Albion, du président que je prierai de faire interner dans une maison d’aliénés tous ceux que transporte le Madalena.

Mais elle cacha cette réflexion personnelle à son interlocuteur et répondit gracieusement :

— Il n’y a qu’un hôtel de marque à Sao-Luis.

— L’hôtel Pedro II e Republica ?

— Lui-même.