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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/155

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LES SEMEURS DE GLACE

teaux multicolores tissés en fils de sarapea par les Indiens de l’intérieur, semblaient les ravir d’aise.

D’un bond, Jean fut près de la fenêtre. Il la ferma, tira avec soin les rideaux.

— Imprudentes, grommela-t-il. Nous sommes au rez-de-chaussée ; si l’on vous voyait du dehors.

— Nous ne faisons rien de mal.

— Vous, le croyez, mes chères amies. Eh bien, écoutez ceci. Si un indiscret signalait la présence de ces costumes dans cette chambre, les deux dames anglaises seraient perdues, ou bien Mlle Ydna devrait se livrer.

— Quoi ?

— Ces vêtements me serviront à faire échapper les prisonnières ; maintenant, assez parlé, agissons. Veuillez tirer partout les rideaux, de sorte qu’il soit impossible de nous épier du dehors.

Elles obéirent.

Lui, cependant, poussait les verroux des portes du corridor. Certain alors de n’être pas dérangé, il se rendit dans la pièce voisine de l’appartement de mistress Elena.

Déplaçant l’armoire, il démasqua la porte condamnée. Un tournevis, tiré d’une de ses poches, lui permit d’enlever rapidement les barrettes de fer qui maintenaient le battant clos.

Ceci fait, il ramena lentement le panneau à lui. La porte tourna sans résistance sur ses gonds. Un regard, jeté par l’ouverture, montra au jeune homme les deux Anglaises assises devant un guéridon dans la pièce voisine.

Toutes deux cachaient leurs visages de leurs mains ; la lueur crue d’une lampe électrique piquait de fils d’or les blonds cheveux d’Elena, et de coulées d’argent les nattes de Mable.

Les rideaux étaient hermétiquement tirés. Sans doute les captives avaient voulu se dérober à la curiosité du vigil de faction au dehors.