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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/154

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pour tuer le temps, assassinait un planteur d’une galéjade monstre.

— Oui, señor, l’amour seul de la vérité me fait vous contredire, rascasse. L’attraction terrestre est un vain mot. Il suffirait d’une force pas bien grande, hé donc ! pour la vaincre, pour envoyer un projectile dans la lune, pour doter l’espace d’un astre nouveau. Je suis sûr, autremain, ma bouche se refuserait à affirmer, pas vrai ? Ainsi, tenez, moi qui vous parle, j’ai peut-être réalisé ce que j’esprime. Voilà la chose, au jeu de tennis, le 19 août 1898, j’ai lancé une balle si haut, qu’elle n’est pas encore retombée… Pardon, je ne veux rien dire dont je ne sois sûr. Elle est peut-être retombée depuis mon départ de Marseille, mais en janvier 1901, mes partenaires, au tennis, l’attendaient toujours pour compter les points.

Il s’interrompit à la vue de l’ingénieur.

— Hé, mon bon, avez-vous un navire ?

— Non. Aucun on partance. Cette satanée fièvre jaune paralyse le mouvement du port. Je me remettrai en quête demain.

— Vé, ma caille, je vous aiderai, les bateaux, ils me connaissent. Quand j’allais sur le port de la Joliette, il me suffisait de faire : pst ! pst ! ils arrivaient tous comme canards apprivoisés. Mais je vous demande pardon, j’instruis ce señor, dont les idées scientifiques sont loin d’être… provençales. Et adieou !

Il retourna à son patient, tandis que l’ingénieur, profitant de la permission, s’enfonçait dans le corridor conduisant à son appartement.

Lorsqu’il y pénétra, Stella et Ydna étaient en contemplation devant deux costumes complets de planteurs mexicains, qu’elles avaient tirés du paquet mystérieux, précipité quelques instants plus tôt par la fenêtre entr’ouverte.

Pantalons de toile, guêtres fauves, vestons, chemises de couleur, larges chapeaux de paille, man-