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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/159

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LES SEMEURS DE GLACE

leurs chambres, brusquement plongées dans les ténèbres.

— Vite ! vite ! murmura Stella.

Une dernière pression de mains, un adieu étouffé, et les deux Anglaises, leurs valises au poing, se glissèrent vers l’escalier.

Mlle Roland avait ouvert sa porte au large et se tenait sur le seuil.

— Qu’est-ce donc ? fit-elle à haute voix. L’électricité est coupée.

Comme pour lui répondre, tout se ralluma d’un coup et elle aperçut le Marseillais, Francis, le vigil, gesticulant au milieu d’un cercle de voyageurs.

— Ah ! voici la lumière !

Telle fut l’exclamation générale.

— J’ai failli me briser les reins, lança la voix joyeuse de Jean se mêlant au groupe. La fée électricité vous a de ces plaisanteries !…

À ce moment, un bourdonnement emplit la tête de Stella. La jeune fille n’entendit plus rien. Au pied de l’escalier, semblait descendre de l’étage supérieur, les pseudo-planteurs brésiliens, Elena et Mable venaient de se montrer.

Quoi que l’on puisse dire des Anglais, il convient de leur reconnaître une qualité maîtresse, le sang-froid. Les fugitives en donnèrent la preuve. Sans se presser, elles parcoururent le corridor, se frayèrent passage à travers les voyageurs rassemblés autour de Massiliague.

Stella ne respira qu’après les avoir vues disparaître sous le vestibule.

Alors elle rentra bien vite, courut à la croisée, écarta les rideaux et regarda sur la place.

Les deux faux caballeros s’éloignaient sans être inquiétés.

Ils atteignirent l’angle d’une vue adjacente. Là, ils se retournèrent une dernière fois, sans doute pour envoyer un adieu aux amis qui venaient de les sau-