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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/161

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LES SEMEURS DE GLACE

Le vigil du couloir n’avait rien vu. Celui qui gardait les fenêtres, pas davantage.

Le plafond, le plancher de l’appartement des Anglaises, le mur qui le séparait de la chambre de Massiliague, furent inspectés méticuleusement. Sauf une légère lézarde, où pouvait entrer une pointe d’épingle, ils ne présentaient aucune solution de continuité. Ce n’était donc pas par là que les captives s’étaient évadées.

Enfin Massiliague avait découvert la porte condamnée. Il s’était précipité aussitôt chez Jean ; mais l’air naturel de celui-ci, l’armoire dissimulant l’ouverture, les barrettes de fer soigneusement revissées, avaient jeté bas la supposition déjà éclose dans le crâne du Méridional

Et c’est au milieu de la chambre, vis-à-vis l’armoire remise en place que Scipion, sans souci de Stella accourue au bruit et debout derrière lui, tonitruait :

— Incompréhensible… Ce serait à se briser la tête contre les murs, si la tête d’un citoyen de Marseille n’avait droit à tous les égards.

Soudain, il s’arrêta net. Ses regards s’étaient fixés sur la glace, et la surface polie lui avait renvoyé l’image de Stella, dont le visage se crispait sous l’empire d’une maligne hilarité.

Le Provençal lui tournant le dos, la jeune fille croyait pouvoir se livrer en toute sécurité à la joie que lui causait l’embarras de Scipion.

Les miroirs ont de ces trahisons.

— Eh donc, grommela Massiliague entre haut et bas, que signifie ceci ?

Le hâbleur marseillais était au premier chef un intelligent et un perspicace. Certes, avec les Anglaises, il avait pu faire erreur, mais on en conviendra, son erreur était admissible, logique, et quand la logique est sauve, se tromper n’est point bêtiser.

Une idée traversa, rapide comme l’éclair, le cer-