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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/162

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veau de Scipion. Est-ce que Mlle Stella se moquerait de lui ?

Pour s’en assurer, il fît lentement volte-face.

Les traits de Mlle Roland se modifiant, à mesure qu’il exécutait ce mouvement de rotation, elle lui présenta, la circonférence achevée, une figure surprise, consternée, bien différente, comme expression, de celle qu’avait décelée la glace.

— Bagasse, murmura le fils de la Cannebière, c’est bien de moi qu’elle s’amuse, puisqu’elle ne continue pas quand je la regarde.

Nouveau demi-tour ; nouveau coup d’œil au miroir. Stella riait derechef.

Il n’y avait plus de doute. Par une rapide association de pensées, Massiliague arriva à la vérité.

Mlle Roland se gaussait de sa personne, alors qu’il cherchait les Anglaises ; donc elle avait contribué à leur évasion. Comment ? Pas difficile à deviner. La porte condamnée était la seule voie praticable. Quoi donc eût empêché la jeune fille de dévisser les barrettes métalliques assujettissant l’huis, pour les revisser après le passage des prisonniers. Rien évidemment, alors ?… Alors la lumière se fit dans l’esprit du Provençal.

— Vé donc, il s’était blousé comme un simple homme du Nord. Ce n’étaient pas les Saxonnes ladies qui avaient prêté leur secours à la Virgen de l’Independencia. Rascasse, quelle cervelle en bouillabaisse il fallait avoir pour donner dans pareille supposition ! Eh bé, mon pitchoun, les alliés de la Mestiza se trouvaient là, devant lui… Ils connaissaient la retraite de Dolorès, ils devaient la joindre. Mille diables, nous verrons bien.

Le résultat de ces réflexions fut que Scipion prit un air penaud.

— Farfandieou, bougonna-t-il, aucune trace. C’est désespérant. Je vais conférer avec mes amis ; la con-