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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/177

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LES SEMEURS DE GLACE

Ils étaient arrivés la veille à Gurupa, petite ville dont les habitations peintes de couleurs riantes : bleu, rose, jaune, pâle, vert tendre, etc., sont entourées de délicieux jardins, et qui est située à l’extrémité de l’estuaire de l’Amazone, la plus éloignée de la mer.

Après avoir quitté Sao-Luis, leur navire avait prolongé la côte brésilienne à quelques kilomètres.

Ainsi ils avaient entrevu l’île Sao-Joan, le bourg de pêcheurs Vispo ; puis doublant le cap Tocantino, ils avaient fait escale à Belem, port de commerce sur l’embouchure du Para ou Tocantius, large fleuve qu’un canal réunit à l’Amazone en formant la grande île de Marajo ou de Joannes.

Là, les voyageurs réexpédièrent, à l’hôtel Pedro II, les bagages des compagnons de route dont ils s’étaient si lestement débarrassés ; puis, reprenant leur navigation, ils contournèrent l’île de Maraja, gagnant la bouche principale de l’Amazone, dénommée Canal do Vieira Grande, laquelle serpente entre les terres insulaires de Mixlana, Caviana, Macapa, Porges, Gurupa et Tuelljins.

La traversée maritime se terminait à Gurupa. À partir de ce point, les voyageurs, désireux de remonter le cours de l’Amazone, doivent se confier aux chalands conduits par les noirs Bonis, qui ont le monopole de la batellerie sur le bas fleuve.

Suivant l’usage, les équipages noirs des divers bateaux disponibles se disputaient les passagers, cherchant à les attirer par des vantardises ou des réductions de prix.

Et autour des trois Européens ahuris, les Bonis hurlaient, glapissaient :

— Moussou, mi bateau couri pli fort que vent.

— Li tortue côté di mien.

— Avé mi, ti gagner oun semaine.

— Avé mi, oun mois…

— Veni chez mi.

— Noa, chez mi.