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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/193

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LES SEMEURS DE GLACE

Sur les huit nègres, quatre étaient faux. C’étaient Francis, Marius, Massiliague et Pierre.

Tout en aidant la prêtresse à parachever le pansement de Gairon, le Provençal expliquait :

— À l’hôtel de Pedro II, pécaïre, on s’est aperçu le matin de votre fuite. On a télégraphié aussitôt à Belem. Vous y fûtes signalés, lorsque vous y déposâtes nos bagages. Ceux-ci, au lieu de nous joindre, nous attendaient. Par terre, au triple galop, nous gagnâmes Gurupa. Là, nous fîmes marché avec une équipe de Bonis. Les bois de teinture ne manquent pas au Brésil, ma bonne, et nous devînmes nègres… par amitié. Voilà tout. À présent, nous allons reprendre notre face blanche, pécaïre, et nous vous accompagnerons au bout du monde… pour vous sauver.

Le moyen de résister a des amis aussi fanatiques ?

Dolorès accepta tout ce que l’on voulut.

Francis, enfin revenu à lui, exprima sa reconnaissance à la Mestiza, qui lui permettait de consacrer son existence à son salut.

De douces larmes furent versées, puis la jeune fille inca rappela à ses compagnons que le repos était nécessaire, et chacun regagna sa tente.

Lorsque la prêtresse se trouva seule avec Stella, elle éclata en sanglots.

Épouvantée par cette explosion de douleur, Mlle Roland tenta de consoler sa compagne, mais celle-ci gémissait :

— Oh ! Dolorès, Ydna, comme ces noms me conviennent mieux que Ninnia Inca ! Dolorès, jeune fille en proie à la douleur, Ydna, douloureuse ! Mon cœur est brisé, ma volonté chancelle. Pourtant je dois poursuivre mon voyage ; je dois me rendre au temple Incatl, me livrer au sacrificateur. Mon sang est nécessaire à l’affranchissement des Sud-Américains.

Toute bouleversée, Stella fut sur le point de tout dévoiler à son amie. Mais elle songea à temps que celle-ci n’accepterait pas l’intervention des globules