Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
LES SEMEURS DE GLACE

Le buveur de gin était blond et imberbe.

L’amateur de vin, au contraire, apparaissait petit, sec, et sa barbe embroussaillée allait rejoindre une hirsute chevelure.

— By God, le temps est long, my dear Candi, gronda le premier.

L’autre huma une gorgée de son breuvage, cligna béatement, des yeux et doucement :

— Qui va piano, va sano, mio caro Crabb. Pas de voyageurs auzourd’hui… céla mé réjouit, jé souis lassado (fatigué) dé cé métier d’aubergiste.

— Lord Olivio a placé nous-mêmes en cet endroit qui est sur le chemin de la fortune.

— Qui dit le contraire, povero… Ma, tant grande est la calore (chaleur) que jé voudrais être fortuné tout dé souite…

— Cela est impossible.

L’Italien garda le silence, puis après un instant :

— La diva fortoune, elle né m’intéresse plous, maintenant qu’elle né servira plous au petit.

Crabb sursauta :

— Où prenez-vous qu’elle ne sera plus utile à mister Jean ?

— Eh ! je prends pas, mio caro ; c’est la lozique qui prend.

— Une fois riche ainsi qu’un nabab, je comptais bien lui donner la part le plus confortable.

Un haussement d’épaules de Candi interrompit la phrase de son ami.

— Il réfousera.

— Aoh ! les richesses, cela se refiousait pas…

— Il réfousera ; ze lé connais, va, lé cher drôle.

— Comment osez-vous affirmer chose pareille, Candi ?

— Le povero, il sait à présent dé quelle façon… nous gagnons l’argent.

L’Anglais prit un air étonné.

— Just ! my dear, il chassera la remembrance de