Le buveur de gin était blond et imberbe.
L’amateur de vin, au contraire, apparaissait petit, sec, et sa barbe embroussaillée allait rejoindre une hirsute chevelure.
— By God, le temps est long, my dear Candi, gronda le premier.
L’autre huma une gorgée de son breuvage, cligna béatement, des yeux et doucement :
— Qui va piano, va sano, mio caro Crabb. Pas de voyageurs auzourd’hui… céla mé réjouit, jé souis lassado (fatigué) dé cé métier d’aubergiste.
— Lord Olivio a placé nous-mêmes en cet endroit qui est sur le chemin de la fortune.
— Qui dit le contraire, povero… Ma, tant grande est la calore (chaleur) que jé voudrais être fortuné tout dé souite…
— Cela est impossible.
L’Italien garda le silence, puis après un instant :
— La diva fortoune, elle né m’intéresse plous, maintenant qu’elle né servira plous au petit.
Crabb sursauta :
— Où prenez-vous qu’elle ne sera plus utile à mister Jean ?
— Eh ! je prends pas, mio caro ; c’est la lozique qui prend.
— Une fois riche ainsi qu’un nabab, je comptais bien lui donner la part le plus confortable.
Un haussement d’épaules de Candi interrompit la phrase de son ami.
— Il réfousera.
— Aoh ! les richesses, cela se refiousait pas…
— Il réfousera ; ze lé connais, va, lé cher drôle.
— Comment osez-vous affirmer chose pareille, Candi ?
— Le povero, il sait à présent dé quelle façon… nous gagnons l’argent.
L’Anglais prit un air étonné.
— Just ! my dear, il chassera la remembrance de