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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/214

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son tête quand il regardera vers un sacoche plein de guinées d’or.

— Il acceptera pas.

— Pourquoi ?

— Perché ? Lou padre (curé) de Teffé que z’ai consoulté, en confessione, caro, pour qu’il puisse pas répéter mes paroles… il a dit : « Avec l’éducazioné, pousse une chose que se nomme l’onore… »

— L’honneur ? Je avais lu cette mot, mais quoi cela, était ?

— Zé sais pas, amico, zé sais pas ; ma, d’après lé padré, c’est oune chosé qui empêche d’empocher dé l’argent volé. Alors, si ça empêche, lé pétit, il réfousera.

Crabb ébranla la table d’un coup de poing :

— Votre curé, il était un stupide tête de bûche. Lord Olivio de Avarca, il avait un instruction ; il était ingénieur ; il prenait cependant le argent volé, et aussi le monnaie d’or, et encore les pierres précieuses.

Candi n’eut pas le loisir de poursuivre cette intéressante discussion.

Sur le seuil, un homme venait d’apparaître.

Malgré le voile de gaze cachant ses traits (beaucoup de créoles se couvrent ainsi le visage afin d’éviter la piqûre des moustiques), les deux amis le reconnurent.

D’un même mouvement, ils furent debout, se courbèrent en une même inclination et prononcèrent, chacun avec son accent :

— Lé signor Olivio.

— Milord Olivio.

Celui-ci avait sans doute la certitude qu’aucun indiscret n’était à portée de la voix, car il ne sourcilla pas en entendant lancer ainsi son nom.

Il s’avança nonchalamment vers ses subordonnés :

— Personne ?

— Non, signore, répondit Candi qui, en toute cir-