Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/231

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Et Stella vit une face blême, marbrée de bleu, immobile et figée.

— Oh ! le crime habite cette maison, et le criminel, c’est lui, toujours lui !

Brusquement elle traversa la pièce, vint à l’autre cloison et frappa légèrement. Presque aussitôt une voix mâle demanda :

— Vous m’appelez ?

— chut ! répondit la jeune fille, venez ; pas de bruit.

— À l’Instant.

Quelques minutes s’écoulèrent, puis des pas furtifs glissèrent dans le couloir, la porte s’ouvrit, et l’Indien guarani parut sur le seuil.

— Qu’est-ce ? fit-il.

— Monsieur Jean…, commença Stella.

L’interpellé mit un doigt sur ses lèvres.

— Ne m’interrompez pas. On vient d’assassiner le voyageur qui occupe la salle n° 6.

— Assassiner, que dites-vous ?

— La vérité.

— Mais qui a commis le crime ?

— Qui ?… Celui que nous devions rencontrer un jour ou l’autre sur cette terre.

— Olivio ?…

— Oui, Olivio qui, maître de la découverte de mon père, l’utilise, comme vous l’aviez pronostiqué, pour le mal.

Ce disant, elle conduisait l’ingénieur à l’endroit où la paroi s’était écartée…

— Regardez, acheva-t-elle.

Jean Ça-Va-Bien se plia à sa fantaisie ; mais à peine eut-il appliqué son œil à l’interstice qu’il recula avec horreur.

— C’est vrai ; cet homme a subi une brusque congélation…

Il s’arrêta et prêta l’oreille.

— On vient par le corridor.

Tirant un revolver de sa ceinture, il se posta en face de l’entrée.

— Tant pis pour celui qui entrera ! grommela-t-il.

Ces dispositions belliqueuses furent inutiles. Les