Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/243

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— Donc, poursuivit le jeune homme, ma gratitude me défend de me demander au moyen de quels actes vous vous êtes procuré les ressources nécessaires à parachever mon instruction.

Ses interlocuteurs baissèrent la tête.

— Je sais que nous n’envisageons pas les choses de même manière. Ce qui, pour moi, est infâme et criminel, n’est pour vous qu’un… travail d’une nature spéciale. Et là est votre excuse.

— Bé caro, marmotta l’Italien, quand on né possède pas dé rentes…

— Tais-toi. Le passé n’existe donc plus ; je ne veux pas savoir comment vous avez vécu, parce que je souhaite continuer à vous aimer pour le bien que vous m’avez fait.

Candi frappa l’épaule de Crabb.

— Tou l’entends, le povero !

— Yes, je ne perdais pas une mote.

— Il dévait nous mépriser après lou monte Pelé, tou l’avais déclaré toi-même. Et il passé oune éponge sour nostré ardoise.

— Il douchait le passé.

— Lé bon cœur !

— Le judge indioulgent.

Les coquins s’attendrissaient, leurs yeux se mouillaient de larmes.

— Oui, je veux vous chérir, continua l’ingénieur, mais il est nécessaire que vous m’aidiez.

— Commandé, mon fils.

By God ! donnez le ordonnoment de ce qu’il fallait faire.

Jean eut un sourire.

— Renoncez à votre existence criminelle,

— Renoncer, zé veux bien ; mais pour manger ?

— Nous partagerons ; il est temps que je vous secoure, vous qui m’avez secouru si longtemps

— Oh ! le bravo !

— Je veux que vous appreniez à devenir d’honnêtes gens.

— Cé sera difficile.

— Nous serons jamais des honnêtes gens confortables.