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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/246

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Mais ces réflexions ne furent pas de longue durée.

— Arrivé donc, mio parvulo adorato (mon petit adoré)… Pas de bruit surtout ; nous lé sourprendrons dans sa chambré, tout commé il sourprenait les autres.

Tout en marchant, Candi expliquait :

— Il faudra ouvrir la porta, car son logément, il a pas dé loucarne comme les chambres.

— Une lucarne ?

— Oui, au plafond dé chaqué salle. Un trou rond, que l’on débouché pour jeter cé qué tu sais.

Jean comprenait à présent le drame.

Il frissonnait à la pensée que cette mort insidieuse, inévitable, eût pu fondre à l’improviste sur Stella.

L’Italien devina sa pensée.

— Toi, tou courais aucun danger. Tou rémontes le fleuve.

— Qu’est-ce que cela fait ?

— Cela fait que ceux qui rémontent vont aux mines chercher des diamants, tandis que ceux qui descendent, en reviennent chargés dé pierres précieuses.

On arrivait à l’entrée de l’osteria.

— Chut ! Pas dé brouit ; qu’il sé douté dé rien.

Sur la pointe des pieds, retenant leur haleine, les trois hommes pénétrèrent dans la salle commune.

Elle était vide.

Dans sa main droite, Jean serrait une ampoule de verre, prise dans son sac.

— Tou es prêt ? chuchota Candi.

L’ingénieur lui montra la sphère de cristal.

— Bono ! bono ! Alors, attention !

Il saisit le bouton de cuivre d’une porte devant laquelle il s’était arrêté…

— Z’ouvre, tou lances ta boule. Zé réferme pour que nous soyons pas gelés aussi. Oun quart d’heure après, nous révénons.

Puis, par réflexion :

— Donné ta boule, figlio ; zé sérai plous sûr dé mes mouvements.

Sans observation, Jean lui tendit l’objet demandé.

Au fond, il lui plaisait de ne pas frapper lui-même. Cette façon de se débarrasser d’un ennemi,