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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/247

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bien qu’amplement justifiée par les circonstances, lui répugnait. Le brave garçon était de ceux qui aiment attaquer loyalement en face, et qui, tout aussi capables de ruse que leurs adversaires, répugnent à l’employer, par une délicatesse exquise que les imbéciles déclarent stupide.

La noblesse, la générosité ne sont pas à la portée de tous.

Avec la rapidité de la foudre, Candi entr’ouvrit la porte, projeta l’ampoule par l’entre-bâillement et referma.

— Voilà qui est fait, dit-il, et même, z’ose l’affirmer, proprément fait. Dans un quart d’heure, nous irons voir lé signore Olivio.

— Je monte prévenir mes compagnes de voyage, annonça Jean, dont une émotion inconcevable faisait trembler la voix.

— Ne vous zénez pas.

Et le jeune homme ayant profité de la permission pour s’élancer dans l’escalier, Candi ajouta, en s’adressant à son complice Crabb :

— Que bravo figlio !

— Oh ! yes.

— Tou l’as vu à la Martinica. Loui en danzer, il né sourcillait pas ; et mainténant, il tremble comme ouno signora pour touer oune coquin tel qué Oiivio.

— Il était un gentleman.

— Tou l’as dit, Crabb. C’est flatteur pour des facchini comme nous, d’être les pères d’oun gentleman !

Mais, changeant de ton :

— Oun verre dé quelque chose pour passer lé temps ?

— Yes. Nous avons le devoir de prendre un verre. Lord Olivio vient de prendre le sien.

Tous deux se prirent à rire de la plaisanterie, et Candi apporta flacons et gobelets sur la table.

Cependant Jean avait gravi l’escalier en murmurant :

— Ça va bien. Nous sommes débarrassés de notre ennemi. Reste seulement à retrouver la sœur de ma chère Stella.