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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/255

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Soudain, Crabb s’approcha de l’Italien, qui choisissait des flacons variés dans l’armoire où ils étaient renfermés.

— My dear ?

— Qué, digno Crabb ?

— Ils ont les chiens.

— Tou dis ?

Candi s’était brusquement retourné. Sous le hâle, son visage avait pâli.

— Les chiens ?

— Regardez, please.

En effet, le bandit, qui avait pénétré le dernier dans la salle, tenait en laisse deux grands chiens noirs, au mufle puissant de dogues, au corps allongé de lévriers.

L’Italien avait déjà repris son air insouciant.

Il vint déposer les bouteilles sur les tables, aux acclamations des assistants. Puis s’adressant à l’homme aux chiens :

— Bé, Périalta, tou as couplé la meute.

L’interpellé ricana :

— Ordre du capitaine. L’Indien était absent de sa chambre, quand le señor, avec notre aide, nous campions à peu de distance, — a capturé les deux colombes ; il craignait que le damné Peau-Rouge n’eût éventé ses projets et pris la fuite. Alors, tu comprends, les chiens eussent retrouvé sa piste. Eh ! eh ! les hommes rouges sont malins, leurs traces sont imperceptibles pour les blancs, mais les chiens les découvrent.

De nouveau, tous se mirent à rire.

Candi se félicitait tout bas de son adroit mensonge. Sans lui, Jean eût été perdu.

Les molosses, en effet, appartenaient à une race spéciale, dressée à poursuivre l’homme.

Au Brésil, sur une superficie quatorze fois aussi étendue que celle de la France, on compte à peine dix-sept millions d’habitants. C’est-à-dire que les agglomérations sont très espacées, et qu’elles sont en butte aux entreprises des pirates rouges, des blancs, irréconciliables ennemis de la société.

Or, ces aventuriers, leurs crimes commis, fuyaient