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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/290

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l’use de vos captives, pour demeurer seul maître d’un secret.

À cette brusque attaque, Olivio pâlit en dépit de son audace. Autour de lui, il promena le regard effaré de l’homme qui songe à la fuite. Mais le boiteux lui happa le bras.

— Qu’avez-vous à craindre ? Le témoignage de la jeune fille ?

— Oui.

Il fallait que le trouble du señor de Avarca fut bien grand, pour qu’il renonçât à nier. Son affirmation, en somme, devenait un véritable aveu.

— Eh bien ! reprit Alcidus, supprimez-le.

— La supprimer, balbutia Olivio qui avait mal entendu ? La supprimer, quand mon frère sait sa présence ?

— Qui vous parle de cela ? Ce qu’il s’agit de supprimer, c’est seulement le témoignage.

— Eh ! le puis-je ? Les associés échangèrent un regard ; puis souriants, d’une commune voix, ils susurrèrent :

— Sans aucun doute, vous le pouvez.

Stupéfait, l’haciendero bredouilla :

— Comment ?… comment ?…

— En épousant votre prisonnière. Votre femme ne vous accusera pas, et, de plus, elle pourra vous enseigner d’utiles choses que vous brûlez de connaître touchant le temple Incatl.

— Quoi ! vous savez cela aussi ?

— Vous le voyez. Mais que pensez-vous de notre idée de mariage ?

— Elle ne consentira jamais.

— Vous vous trompez ; le tout est de savoir présenter les choses. Il faut d’ailleurs que cette union ait lieu. Sans cela, vous serez arrêté demain, et notre affaire de diamants s’en ira à vau-l’eau.

Avec autorité, les courtiers empoignèrent Olivio par les poignets et l’entraînèrent dans les allées du parc, en tournant le dos aux bâtiments de l’hacienda.