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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/30

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Le jeune homme n’avait évidemment pas encore repris possession de ses facultés.

Toutefois la vie, un instant suspendue, revenait à flots. Le sang reprenait son cours normal. Jean s’astreignit à demeurer un moment de plus les yeux clos.

Puis il les ouvrit et regarda. La vision grise, striée de flammes, persista.

Ses regards se portèrent sur lui, sur son cheval, sur sa belle compagne. Une mince couche de cendre blanche, extrêmement ténue, les recouvrait.

Ce lui fut un trait de lumière.

— La cendre… le volcan !

Il pleuvait de la cendre ; de là le brouillard gris qui arrêtait sa vue. Des blocs de pierre incandescents tombaient aussi de temps à autre, dessinant ces lignes ignées qui l’avaient étonné tout d’abord.

Comment n’avait-il pas été enseveli sous les cendres ou carbonisé par les scories enflammées ? Une rapide inspection de l’endroit où il se trouvait lui donna la clef de l’énigme.

À l’instant de l’explosion, le terrain s’était brusquement creusé en forme de voûte. Les fugitifs, projetés sous la partie en surplomb, avaient été miraculeusement protégés par elle.

En dépit de la chaleur épouvantable, de la difficulté de respirer, Jean avait reconquis toute sa vigueur, tout son sang-froid.

— Et elle… Pourvu qu’elle n’ait pas succombé !

Il se glissa auprès de la jeune fille.

Celle-ci n’avait pas fait un mouvement. Elle dormait sous la pluie de cendres, aussi profondément qu’à la fenêtre de l’habitation Roland.

Le cataclysme, qui venait de bouleverser la région, n’avait pu vaincre l’influence narcotique qui jugulait ses nerfs.

Discrètement, Jean chassa avec son mouchoir la cendre qui recouvrait la robe blanche de la dor-