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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/310

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— Donc, poursuivit l’Allemand, résumons-nous. Cette enfant consent à vous épouser.

— Et elle affirmera devant témoins que c’est librement, de son plein gré, qu’elle accepte cette union ?

Ce fut encore Stella qui répondit :

— Je l’affirmerai. Mais Ydna, ma chère compagne, ne sera point molestée, et la liberté lui sera rendue…

— Aussitôt les flambeaux d’hyménée éteints, acheva Alcidus.

Se levant, le boiteux, car, par une coïncidence bizarre, sa claudication avait reparu en même temps que le maître de l’hacienda, le boiteux frappa cordialement l’omoplate gauche du bandit ahuri, et lança vaniteusement :

— Eh bien, meinherr, vous le voyez, c’est toujours ainsi. Je mène à bien tout ce que j’entreprends.

Sa phrase fut ponctuée par des acclamations lointaines, dont la résonance s’engouffra avec une bouffée de vent par la porte entr’ouverte.

Tous restèrent immobiles, écoutant.

Les cris se faisaient plus distincts. Les assistants discernèrent ces mots :

— Viva el señor gobernador !

Les traits d’Olivio se décomposèrent, une teinte livide s’épandit sur son visage.

— Mon frère ! balbutia-t-il.

Il restait là, chancelant, la sueur perlant aux tempes, écrasé et stupéfait, comme une image vivante de la terreur.

Ydna, Stella avaient fait un mouvement pour s’élancer vers la sortie. Un geste impérieux d’Alcidus les cloua sur place.

Et le faux Allemand, narquois sous sa gravité, dit :

— Allez recevoir votre auguste frère, meinherr.

— Mais…

— Je mènerai moi-même Mlle Ydna dans la prison que vous lui destinez.

— Le pavillon rouge, au bout du parc. Cristino s’y trouve avec huit hommes.

— Bon. Pour Mlle Stella, je viendrai la chercher ensuite.

Son impassibilité rendit le courage au Brésilien :